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Discours de S.M. la Reine - Conférence de l'UE sur le virus Ebola

3 März 2015

Madame la Haute Représentante,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Il y a un an, l'existence du virus Ebola était à peine connue. Aujourd'hui, nous sommes tous conscients de ses conséquences meurtrières pour les populations les plus vulnérables. L'ampleur de ses effets et la menace qu'il représente pour la santé publique nous préoccupent profondément.

L'épidémie d'Ebola qui a frappé l'Afrique occidentale de manière si inattendue a eu un impact tragique sur la vie et le bien-être de millions de personnes dans cette région. Des familles ont été disloquées, des enfants se sont retrouvés orphelins, des communautés entières ont dû faire face à un fléau inconnu et terrifiant. Le ralentissement qu'ont subi le commerce et des affaires a eu des conséquences pénibles sur le plan social et économique, non seulement dans les pays directement concernés, mais également dans les Etats voisins.

L'échelle de cette tragédie ainsi que la rapidité avec laquelle elle s'est développée sont sans précédent. Si c'est surtout la population d'Afrique occidentale qui a enduré le choc de l'épidémie, un élan de solidarité s'est manifesté dans le monde entier pour lui venir en aide. Pour de simples raisons humanitaires, il était impensable que nous restions passifs ; mais nous sommes également conscients du fait que, si la propagation de la maladie n'avait pas été freinée, nous aurions tous couru un risque. À notre époque de voyages intercontinentaux et de communications globales, de telles épidémies sont susceptibles de se propager avant même que nous nous en rendions compte.

Mesdames et Messieurs,

Je tiens aujourd'hui à rendre hommage à ceux et celles qui ont été en première ligne dès le début de la lutte contre Ebola: il s'agit des travailleurs de la santé de Guinée, du Liberia et de Sierra Leone. Fidèles à leur vocation, ils se sont consacrés à aider les malades avec une détermination et un dévouement qui ont été d'une importance cruciale pour enrayer la maladie. Certains médecins, infirmiers et aides-soignants ont même payé de leur vie leurs efforts destinés à sauver les patients.

Mentionnons par ailleurs les équipes médicales du Nigéria, du Sénégal, du Mali et de la République Démocratique du Congo, qui ont prouvé qu'une approche résolue et efficace peut venir à bout de la maladie, même là où la lutte est rendue particulièrement difficile par l'interaction sociale et la traversée libre des frontières. Et enfin, je tiens à faire l'éloge des travailleurs de la santé internationaux, les médecins et infirmiers ou infirmières, les volontaires qui, venus de près ou de loin, se sont associés à la lutte. Chacun d'entre eux mérite notre admiration et notre reconnaissance.

Leur engagement a contribué à ralentir la propagation de la maladie. Il s'agit à présent d'y mettre fin une fois pour toutes. Nous ne pouvons pas fléchir tant que le but des zéro infections n'est pas atteint, tant que nous ne pouvons pas dire que la maladie est éradiquée ; momentanément, du moins. Je sais que tous, ici présents, nous avons un but commun: le but de poursuivre l'effort jusqu'à ce que la tâche soit accomplie. Il est important de réfléchir à la manière dont ceci peut être concrétisé.

Cependant, cette conférence vise également un but plus large. Nous devons tout mettre en œuvre pour veiller à ce que plus jamais, une telle épidémie n'échappe à notre contrôle comme ce fut le cas d'Ebola. Nous devons accorder toute l'attention requise aux leçons qui peuvent être tirées de l'expérience acquise au cours de ces dernières années. Dans les trois pays les plus touchés, les structures de la santé se remettaient à peine du traumatisme causé par la guerre civile. Nous devons à présent veiller à renforcer ces structures afin qu'elles soient suffisamment robustes pour détecter toute menace similaire qui pourrait se manifester dans le futur et y réagir promptement.

Ceci nécessitera à la fois imagination et ingéniosité. Les conditions ne sont faciles dans aucun des trois pays les plus touchés. Ce n'est pas un hasard si l'épidémie est apparue en premier lieu dans les contrées les plus éloignées, au carrefour des frontières. Ce sont des régions où les routes sont difficilement praticables et où les services de soins de santé sont rudimentaires, voire inexistants. Par conséquent, les défis à relever ne concernent pas seulement les soins de santé, mais relèvent également de la bonne gouvernance et du développement ; et dans la phase de reconstruction, la priorité doit être accordée aux femmes et aux enfants. Les écoles doivent être rouvertes dès que possible.

Une vision à long terme est indispensable: nous ne pourrons pas tout résoudre dans l'immédiat. Outre les ressources, les efforts et la planification que cela requiert, il nous faudra du temps. Une réflexion en profondeur s'impose pour déterminer la manière la plus efficace de s'attaquer aux problèmes. Il est également crucial d'envisager la création d'un système de soins de santé qui soit à la fois abordable et suffisamment flexible pour acheminer les ressources là où elles sont requises lorsqu'une crise se déclare.

La Belgique s'est engagée pleinement dans tous ces efforts. Je suis fière que mon pays ait été en première ligne de la lutte contre le virus Ebola. C'est en effet un de mes compatriotes, le docteur Peter Piot, qui a été le premier à identifier la maladie. L'organisation Médecins Sans Frontières a fait un travail extraordinaire et a assuré un flot ininterrompu de volontaires. Une de nos équipes B-FAST a déployé un laboratoire mobile en Guinée. Toujours chez nous, en matière de prévention, la recherche poursuit ses efforts visant à développer un vaccin fiable. En outre, Brussels Airlines a pris la décision courageuse de maintenir ses vols vers les pays affectés par la maladie permettant ainsi le transport de l'aide et du personnel médical vers les régions touchées et le retour au pays une fois la mission terminée.

Je félicite donc l'Union Européenne d'avoir aujourd'hui pris à point nommé et en collaboration avec les pays les plus touchés cette initiative qui nous incite à ne pas relâcher notre attention. Des efforts communs et durables doivent nous permettre d'éviter la résurgence d'une des pandémies les plus dévastatrices qu'ait connues l'Afrique au cours des cinquante dernières années.

Je vous souhaite une discussion fructueuse.