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Allocution de Sa Majesté la Reine des Belges lors du Sommet Mondial sur la Santé Mentale « Mind our Rights, Now! »

5 octobre 2021

(Discours prononcé en français)

Excellences,
Mesdames Messieurs,

Parler de santé mentale et de bien-être psychosocial, c’est parler non seulement de pathologies mentales graves, mais aussi par exemple des effets du stress et de l’anxiété, qui peuvent être liés aux difficultés familiales, à la pauvreté, ou encore aux conflits. 

Pour répondre à ces situations très diverses, il nous faut développer des pratiques d’écoute, de conseil et de prise en charge, qui soient adaptées à la situation particulière de chacun.

Le contexte et l’environnement socio-culturel jouent eux aussi un rôle important. Comme l’a démontré la pandémie du COVID-19, des variations dramatiques de l’environnement social et économique peuvent affecter, à grande échelle, le bien-être mental. Les plus vulnérables, parmi lesquels les populations en situation de précarité, les personnes âgées, les jeunes, sont les premiers concernés.

Par ailleurs, les intervenants impliqués dans divers modes de prise en charge offrent une gamme de compétences très diverses. Des divergences existent, nous le savons, entre les méthodes classiques d’ordre médical ou psychologique et celles qui recommandent d’intervenir sur les circonstances de vie. Ces compétences pourraient pourtant s’avérer complémentaires. Le Sommet qui nous réunit aujourd’hui, à quelques jours de la Journée mondiale de la Santé mentale, offre l’immense avantage de permettre la rencontre de ces différentes approches. Nous pourrons mieux mesurer comment elles peuvent s’enrichir mutuellement, dans le respect de la diversité.

Pour cela il faudra jeter des passerelles, créer des coalitions entre décideurs politiques, organisations internationales, associations de la société civile, personnes affectées par des troubles psychologiques et leurs proches, ainsi que les communautés au sein desquelles elles vivent. Il faudra promouvoir l’échange d’informations, de connaissances, et de sensibilités, ainsi que la comparaison d’expériences qui permettent d’offrir des réponses adéquates aux besoins exprimés. 

Cette coopération accrue entre professionnels venus d’horizons parfois très différents devrait également permettre d’élargir l’approche transversale du bien-être mental, pour l’ancrer davantage dans les politiques familiales, de santé, d’éducation, de remédiation sociale ou encore de lutte contre la pauvreté.

Pour progresser, il importe tout d’abord d’être à l’écoute des patients, des personnes à la recherche d’un accompagnement psychosocial, de ceux et celles qui ont vécu l’expérience de la détresse mentale. Nous devons répondre rapidement et le plus correctement possible à leurs besoins et à leurs attentes. La stigmatisation représente, encore aujourd’hui, un obstacle majeur pour les personnes à la recherche de conseils ou de soins. Elle alimente autour d’elles, des comportements de peur, de méfiance, de mépris, de discrimination et même de violence. Ceux-ci portent tous atteinte à la dignité et aux droits de la personne. Les sentiments d’incompréhension et d’isolement qui en découlent sont des sources supplémentaires d’angoisse et de stress. Il faut mettre fin à tout cela. Le message que nous devons donner tient en quelques mots : « Vous n’êtes pas seul ». Au contraire, en tant qu’êtres humains, nous risquons tous de rencontrer un jour des difficultés psychologiques. Nous sommes tous concernés.

Une meilleure écoute doit mener à des accompagnement plus ciblés. Respecter les choix et la volonté des patients et personnes en quête de soutien doit être au cœur du travail des divers intervenants, qu’ils soient médecins, éducateurs, assistants sociaux, conseillers, membres d’une communauté. A cet égard, il est essentiel qu’ils dispensent, dans un langage accessible, des informations correctes sur les choix et possibilités, et qu’ils le fassent dans le cadre d’un dialogue ouvert et respectueux des droits de la personne. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons ne laisser personne pour compte.

Voyons cela comme un premier pas pour tous celles et ceux qui n’aspirent qu’à se reconstruire, à recouvrer leur autonomie et à retrouver la capacité d’être l’auteur de leur propre vie au sein de la société.