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Allocution de Sa Majesté le Roi des Belges à l’Hôpital royal de Chelsea à l’occasion de la Journée du Fondateur, Londres

8 juin 2023

Mesdames et Messieurs,
Chers résidents de l’Hôpital royal de Chelsea,

C’est une grande joie de me trouver parmi vous en cette Journée du Fondateur. Je suis très reconnaissant au Général Sir Adrian Bradshaw de m’avoir convié, afin de vous rencontrer avec la reine Mathilde, mon épouse, et nous rendre compte du formidable travail accompli au sein de l’Hôpital royal de Chelsea depuis plus de 300 ans.

Cette institution constitue une magnifique représentation du respect que vous, le peuple britannique, portez à votre histoire et à vos traditions que vous parvenez à faire perdurer à travers les âges, d’une manière inégalée.

Et à propos d'histoire, j'aimerais revenir sur les liens étroits qui unissent la famille royale britannique à la mienne, ainsi que sur le passé commun de nos pays.

En 1816, mon ancêtre le Prince Léopold de Saxe-Cobourg, oncle de la future Reine Victoria, épouse la Princesse Charlotte de Galles. Cette alliance le destinait à devenir Prince Consort du Royaume-Uni. Hélas, Charlotte décède un an plus tard, à l’âge de 21 ans, en donnant naissance à un fils mort-né.

C’est à la suite de ce tragique revers de l’histoire que Léopold accepte de devenir le premier Roi des Belges en 1831. Jouissant de la confiance des grandes puissances européennes et grâce à ses liens personnels avec des hommes d’État comme le ministre des Affaires étrangères Lord Palmerston, c’est depuis l’Angleterre qu’il œuvre pour la reconnaissance de l’indépendance de la Belgique, et qu’il prépare son accession au trône.

Depuis la naissance de la Belgique en 1830, sa neutralité est garantie par le droit international, ce qui, en revanche, n’a pas exempté notre jeune nation de consacrer d’importants budgets à sa propre défense.

Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, suite au refus par mon arrière-grand-père le Roi Albert, de laisser l’armée allemande traverser la Belgique pour attaquer la France, l’Allemagne envahit la Belgique.

Invoquant cette violation de la neutralité de mon pays, le Royaume-Uni déclara la guerre à l’Allemagne. Le Chancelier allemand déclara ne pas comprendre pourquoi le Royaume-Uni prenait de tels risques au nom d’un « bout de papier. » Mais justement, ce soi-disant « bout de papier » incarnait le droit international que votre pays s'était engagé à faire respecter.

Je rends ici hommage au sacrifice de tous ces valeureux soldats britanniques venus à notre secours durant la Première Guerre mondiale et dont un si grand nombre repose en paix dans nos Flanders Fields.

L’héroïsme de l’armée belge durant cette guerre des tranchées, qui n’a jamais plié face à l’ennemi, nous a valu une reconnaissance particulière du Roi Georges V, lequel a accordé l’honneur à nos militaires de défiler devant le Cénotaphe, un privilège qu’ils conservent encore aujourd’hui.

Je suis fier de me tenir ici devant vous aujourd’hui, en ces murs qui, à l’initiative du Roi Charles II et depuis plus de 330 ans, accueillent des vétérans et anciens combattants de l’armée en reconnaissance des sacrifices accomplis pour la nation.

Ici et maintenant, avec vous, je voudrais nous remémorer avec émotion ceux qui ne sont plus, mais qui, au fil des guerres mondiales et des conflits régionaux, ont parcouru ce chemin exigeant du militaire, un chemin de droiture, de courage et de sacrifice.

Je tiens tout particulièrement à exprimer notre reconnaissance éternelle à tous vos compatriotes qui nous ont libérés du joug nazi pendant la Seconde Guerre mondiale.

Rappelons-nous également que la marine et l’armée de l’air belges trouvent leur origine dans les sections belges de la Royal Navy et du Royal Air Force Volunteer Service créées pendant la Seconde Guerre mondiale – et que notre régiment Para-Commando a été constitué à partir des volontaires belges de la Special Air Service Brigade.

En ces temps agités, je voudrais avoir une pensée particulière pour ces soldats ukrainiens qui défendent héroïquement leurs pays au péril de leur vie. Je suis fier qu'ensemble, au nom du respect du droit international, nos deux nations fassent partie d’une coalition pour les aider à réussir.

Mesdames et Messieurs, je souhaiterais conclure par une citation de William Gladstone qui m'emplit d’espoir : « Nous attendons avec impatience le moment où le pouvoir de l'amour remplacera l'amour du pouvoir. Alors, notre monde connaîtra les bienfaits de la paix. »

Je vous salue, fiers résidents, et je vous souhaite une très heureuse Journée du Fondateur !