Discours de Sa Majesté le Roi aux Autorités du pays

Monsieur le Premier ministre, la Reine et moi vous remercions pour vos aimables voeux.
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis de vous accueillir à nouveau ici, au Palais, pour la première fois depuis janvier 2020. Après la pandémie du Covid, nous pouvons enfin renouer avec une belle tradition.
L’année s’ouvre sur de lourdes incertitudes, dans un contexte international conflictuel.
En ces temps de crises, la responsabilité des autorités est grande. Une responsabilité assumée par tous les niveaux de pouvoir représentés ici.
Cela n’a pas été facile, mais notre pays a bien résisté aux chocs de ces derniers temps – pour la plupart venus de l’extérieur.
Espérons retrouver un contexte plus serein en 2023 et ainsi pouvoir accélérer les réformes nécessaires.
Nos atouts sont nombreux et ne demandent qu’à être développés.
Notre capacité d’innovation est régulièrement saluée par les instances internationales.
Que ce soit dans le domaine des semi-conducteurs, de la santé, de l’espace ou encore dans celui de l’économie circulaire, les succès enregistrés par le fédéral et les Régions sont remarquables. Ils nous permettront de rester à la pointe et d’aborder les années à venir avec une compétitivité renforcée.
C’est aussi en nous appuyant sur tous ces atouts que nous relèverons le défi crucial de l’emploi.
Notre pays rattrape peu à peu son retard sur la moyenne européenne. Mais nous savons qu’il y a encore du chemin à parcourir. Les recteurs de nos universités me rappelaient récemment que pour 100 personnes qui quittent le marché du travail, il n’y a que 82 nouveaux arrivants. Le défi est énorme. Il s’agira notamment de mettre à l’emploi davantage de jeunes et d’allochtones – et d’imaginer de nouvelles approches flexibles et créatives.
Mesdames et Messieurs,
Des événements récents me donnent l’occasion de féliciter, pour leur beau travail, la magistrature ainsi que tous les services qui contribuent au maintien de notre Etat de droit et de notre protection à tous : la police fédérale et locale, la police judiciaire et administrative, les douanes – et les services de renseignements civil et militaire.
Les succès engrangés les semaines et mois passés démontrent bien leur engagement et leur efficacité pour combattre les organisations criminelles.
Notre pays est à la pointe de la lutte contre la corruption. Celle-ci n’a pas sa place dans notre sociétés. Contrer tout acte de corruption et lutter contre leur impunité est une question de dignité et de préservation de nos institutions démocratiques. C’est aussi ce qui nous distingue des autocraties.
La Justice est un pilier essentiel de notre Etat de droit. Nos lois doivent être respectées et appliquées. Mais elle est aussi une vertu à cultiver, l’équité qui guide notre conduite – et nourrit ainsi la cohésion sociale.
J’ai à cet égard été interpellé par les récentes attaques violentes et indignes contre les services de secours et de police. Nous ne pouvons les tolérer et devons faire en sorte qu’elles ne se reproduisent plus. Cela nécessite un travail de conscientisation à tous les niveaux, y compris au sein des familles concernées.
La Justice de notre pays est également confrontée à une criminalité de plus en plus violente liée au trafic de drogues. Avec de graves conséquences pour nos concitoyens et notre société toute entière. Cette violence doit être contrée. Mais nous devons aussi nous attaquer aux raisons qui conduisent à l’addiction, investir davantage dans la prévention – et protéger les jeunes contre les fausses promesses que leur font miroiter la consommation de drogues.
Par ailleurs, espérons que le procès des attentats du 22 mars se poursuivra en toute sérénité, dans le respect de l’Etat de droit et de la souffrance des victimes. Et que prendra fin ce cycle tragique de violences terroristes initié en 2014, avec l’attentat du Musée juif à Bruxelles.
Mesdames et Messieurs,
Les turbulences sur l’échiquier mondial nous poussent à réindustrialiser notre économie. L’urgence climatique nous contraint à la repenser. Il est important de concilier ces deux impératifs tout en continuant de nous projeter vers l’extérieur.
Ainsi, la Belgique se prépare activement à la présidence tournante de l’Union européenne, avec pour objectif une Europe plus solide et solidaire.
Notre diplomatie continuera de bénéficier du soutien de la Reine, de la Princesse Astrid, et de moi-même pour placer notre pays sur la carte de l’Europe et du monde. Nous multiplierons ces prochains mois nos déplacements à l’étranger, que ce soit pour aider nos acteurs économiques à trouver de nouveaux débouchés à l’international ou pour défendre les Objectifs du développement durable.
Nos opérateurs sont très présents dans la poursuite de la conquête spatiale ou la recherche de nouvelles sources d’énergie, dont l’hydrogène vert, pour assurer notre prospérité de demain. Nous continuerons à leur apporter un appui déterminé.
Dans le domaine de la politique internationale – je continuerai à m’engager aux côtés du gouvernement pour que cesse le conflit à l’Est du Congo, cette tragédie, qui fait tant de victimes innocentes. Là aussi, c’est une question de justice et de dignité. Je forme ici l’espoir que les institutions que vous représentez resteront engagées envers la société congolaise, en lui apportant leur savoir-faire.
Enfin, nous continuerons à soutenir l’Ukraine contre l’agression russe. Le combat des Ukrainiens pour leur liberté doit l’emporter. Sous peine d’un regain de l’autoritarisme partout dans le monde.
Il est d’autant plus important que nous maintenions, chez nous, et dans toute l’Europe, une société dans laquelle prévaut le droit et l’équité. Sinon, leur combat serait vain.
Mesdames et Messieurs,
La Reine et moi, ainsi que tous les membres de la Famille royale, vous souhaitons une belle et heureuse nouvelle année.