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Discours de Sa Majesté le Roi - Université de Montréal

15 mars 2018

Discours de Sa Majesté le Roi des Belges

au séminaire sur l’usage des technologies digitales dans l’apprentissage et l’enseignement.

Université de Montréal, jeudi 15 mars 2018.

 

Mesdames et Messieurs,

Je vous rejoins, dans ce magnifique hall, en conclusion d’un séminaire qui – je n’en doute pas – aura été riche en échanges fructueux. Le Canada tient une place privilégiée dans le monde de l’éducation. Ses écoles et ses universités sont réputées bien au-delà de ses frontières. C’est donc une joie d’être présent cet après-midi, avec vous, dans votre Alma Mater, afin de débattre d’un sujet bien de ce temps, celui de l’interaction entre les technologies digitales et l’enseignement.

Ces technologies, nous l’expérimentons tous, démultiplient à l’infini notre capacité à s’informer et à communiquer. Cette fulgurante et fascinante évolution impacte l’ensemble de nos sociétés, et donc aussi, bien entendu, la manière d’enseigner.

Nous pourrions être tentés de croire que la révolution numérique qui concentre tout le savoir du monde sur le web, libère de la tâche d'enseigner. Rien ne serait pourtant plus inexact. C’est précisément au moment où s’installe l’impression que désormais nous pourrions tout apprendre par nous-mêmes et que toute connaissance est à simple portée de main, que le métier d’enseignant et de professeur est plus que jamais nécessaire.

Car l’essence même de l’enseignement est d’apprendre à penser. L’enseignant transmet non seulement un savoir, une connaissance mais aussi et surtout des repères, des valeurs et de l’expérience. Il permet ainsi aux jeunes de creuser par eux-mêmes leur sillon, de trouver leur place dans la société.

Enseigner, c’est donc aider les jeunes à gérer l’immense potentiel offert par les technologies nouvelles et d’en tirer le meilleur sans qu’elles ne prennent le dessus. Nous sommes de plus en plus confrontés à la tentation de ne pas poser de jugement critique sur la quantité d’information que nous recevons. Face à cette tentation et à ce défi, la première démarche critique, celle qui doit initier toute connaissance, reste la faculté de s’étonner, voire de s’émerveiller. Tout parcours vers le savoir commence par l’étonnement. Vient ensuite l’esprit critique aiguisé par une éducation rigoureuse, et qui permet de mieux distinguer l’essentiel du détail, l’indispensable du superflu, le vrai du faux.

Les technologies créent de nouveaux outils pour libérer la créativité et développer les talents. Elles offrent notamment d’immenses possibilités en termes de personnalisation de l’apprentissage. Là où traditionnellement, le professeur adapte son rythme et l’intensité de son cours à l’étudiant moyen, les outils actuels permettent que chaque apprenant découvre et révise la matière selon ses propres possibilités. Par ailleurs, les technologies nouvelles permettent un apprentissage coopératif. Un étudiant peut expliquer ou réexpliquer le contenu des cours à d’autres, par le biais de plateformes d’enseignement. Et de transformer ainsi l’enseignement en un monde plus interactif.

La finalité de l’enseignement est de susciter des vocations, c’est-à-dire non seulement de former des jeunes à exercer un métier mais aussi à lui donner de la valeur par la manière de s’y investir. Une vocation est plus qu’un métier, c’est un état d’esprit dans lequel on l’exerce et les qualités de coeur que l’on y met. Quelle belle tâche pour l’enseignement que de nous aider à nous étonner et à nous émerveiller, à développer un sens critique positif, à nous repérer, et enfin à trouver notre vocation. Dans le nouvel environnement technologique qui est le nôtre, je vous encourage, vous les professeurs, dans votre belle tâche de formation et de transmission, et vous les jeunes, de profiter pleinement des extraordinaires possibilités qui vous sont offertes.