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Gender parity - Mensenrechtenraad

15 september 2015

Tekst in het Frans uitgesproken

 

Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies

Débat annuel

Palais  des Nations à Genève, le 15 septembre 2015

Discours de Sa Majesté la Reine des Belges

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Haut-Commissaire,

Monsieur le Directeur Général,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs,

 

 

Le respect, la protection et la promotion des droits humains et des valeurs universelles sont au cœur de votre travail. Cette année, le Conseil des Droits de l'Homme consacre son débat annuel à la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes.  Ce thème m'intéresse beaucoup et je le suis de près depuis des années.

Je constate qu'aujourd'hui encore, femmes et hommes restent confrontés à d'importantes inégalités.  Cela a des répercussions considérables sur la dignité humaine, sur la cohésion sociale et économique, sur la croissance durable et sur la compétitivité.  Il est dès lors légitime que ce Conseil s'interroge annuellement sur son fonctionnement et ses responsabilités, avec comme objectif la pleine égalité entre les hommes et les femmes.

Il y a 20 ans déjà, par la Déclaration de Beijing, la communauté internationale soulignait l'importance qu'il convenait d'accorder à l'égalité entre les hommes et les femmes, et ce, dans toutes les dimensions, comme par exemple l'accès à l'éducation, l'accès aux services de santé, la participation à la vie politique, l'implication dans la prise de décision économique, ...

Des progrès impressionnants ont déjà été accomplis.  De par le monde, on assiste à une prise de conscience progressive.  Dans de nombreux pays, le cadre juridique a évolué ou est en train d'évoluer vers plus d'égalité.

Mais le chemin à parcourir reste encore long.  Les défis demeurent, et cela tant dans les pays prospères que dans les pays défavorisés.

Les femmes, en l'occurrence, restent les premières victimes des conflits armés.  Il ne faut pas chercher bien loin.  Malheureusement, l'actualité récente fournit quantité d'exemples de combattants qui s'en prennent à des femmes et à des jeunes filles, les considérant comme un butin de guerre ou comme des objets commercialisables.  Ces femmes resteront marquées à vie dans leur intégrité et leur dignité.

La vérité est que les femmes sont encore bien trop souvent victimes de la traite des êtres humains ou de violences domestiques, ou encore astreintes au travail dans des conditions indignes. Beaucoup d'entre elles sont privées de leurs droits et de leur liberté.  Dans certains cas, les traditions perpétuent un statut d'infériorité : pensons aux femmes qui font l'objet de mutilations génitales, de mariages forcés ou qui subissent une sanction dans ce que l'on nomme curieusement des crimes d'honneur.

Et même là où ne sévissent pas des conditions extrêmes, les discriminations demeurent.  Le principe du travail égal à salaire égal n'est pas encore une réalité.  Pour les femmes, beaucoup de portes se ferment lorsqu'il est question de nomination ou de promotion.  Elles sont nombreuses encore à devoir faire face à des attitudes sexistes, au dénigrement, au harcèlement verbal ou physique...

Ces phénomènes se manifestent lorsque dans les mentalités, la femme n'est pas encore perçue comme l'égale de l'homme.  Ses droits ont beau être affirmés avec force, le principe de parité a beau figurer dans les textes, ce sont les mentalités qui au bout du compte doivent évoluer et aboutir à ce qu'une femme soit respectée exactement de la même manière que son équivalent masculin.  Cela nécessitera du temps.

Comme le soulignait récemment la Directrice Exécutive de UN Women, aucun pays du monde n'a encore atteint cet équilibre parfait. Et si nous ne voulons pas que la réalisation de nos objectifs prenne encore de nombreuses années, nous devons redoubler d'efforts, sans plus tarder.

 

Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

Une étape essentielle dans la réalisation des droits des femmes a été la reconnaissance, à Beijing, en 1995, de l'importance de l'implication des femmes à tous les niveaux de prise de décision dans nos sociétés.

En effet, c'est en s'impliquant activement dans la prise de décision aux niveaux les plus élevés que les femmes peuvent espérer changer les mentalités.  Elles seront alors à même de promouvoir cette égalité dans la vie politique, économique, sociale et culturelle.  Par ailleurs, les hommes ont leur part à accomplir pour faciliter la participation des femmes en luttant par exemple contre les stéréotypes.

Il ne s'agit pas seulement d'une correction en termes d'égalité de droits, d'intégrité démocratique et de justice élémentaire. Il s'agit aussi de l'essence même du développement.  N'est-il pas vrai que les capacités et les sensibilités masculines et féminines se complètent merveilleusement ? Ne pas le reconnaître, c'est passer à côté de l'immense potentiel que recèle la conjonction de toutes les énergies présentes dans nos sociétés.

 

Excellences, Mesdames et Messieurs,

 

La Belgique, pour sa part, contribue au renforcement de l'égalité entre les femmes et les hommes en intégrant cette dimension dans l'ensemble de ses politiques publiques.

La Constitution belge prévoit, depuis 2002, que des mesures doivent être prises pour favoriser un accès égal aux mandats électifs et publics. Des lois ont été adoptées pour renforcer la présence de femmes dans les assemblées législatives, notamment en imposant l'alternance en tête des listes électorales.  La participation des femmes a nettement progressé dans les enceintes politiques.

Depuis 2007, les données statistiques doivent prendre en compte la proportion hommes / femmes afin d'identifier des situations de déséquilibre.  Il en est de même pour les budgets des dépenses publiques.  Des quotas ont été introduits dans les administrations publiques fédérales, dans les conseils d'administration des entreprises publiques et des sociétés privées cotées en bourse.  Depuis 2013, la dimension de l'égalité entre hommes et femmes doit se refléter dans toutes les interventions de la Coopération belge au Développement.

De plus, la Belgique souscrit au trinôme « femmes, paix et sécurité » mis en exergue dans l'importante Résolution 1325 du Conseil de Sécurité qui fête son 15ème anniversaire cette année.  De fait, la participation des femmes dans la gestion de la sécurité peut ouvrir de nouvelles perspectives et s'avérer salutaire.  Ne sont-elles pas le plus souvent les premières victimes des conflits armés ?  C'est la raison pour laquelle la Belgique soutient activement l'intégration de femmes dans les Missions ONU de Maintien de la Paix.

Enfin, mon pays croit fermement que l'égalité entre les hommes et les femmes peut contribuer à une meilleure utilisation des ressources et par là, à la réduction de la pauvreté, à une meilleure prise en compte des besoins sociaux et à un meilleur respect de l'environnement.  Ce concept sera reconnu dans les prochains Objectifs du Développement Durable que les Nations Unies s'apprêtent à adopter dans quinze jours à New York.  Ainsi, nous accomplirons un pas de plus dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'Action de Beijing.

Car en effet, il ne peut y avoir de véritable développement sans pleine participation des femmes.  Il ne peut y avoir de réalisation de droits humains sans réalisation des droits des femmes.  Il ne s'agit pas tant de redistribuer le pouvoir aux femmes ; il s'agit davantage de créer les conditions pour que chacun, au sein de sa famille, de son village, de son entreprise ou de la société, où qu'il ou elle se trouve, puisse s'épanouir pleinement  et donner le meilleur de soi-même.

Je vous remercie.