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Toespraak van Hare Majesteit de Koningin tijdens de colloquium over kinderarmoede en de gevolgen ervan voor de ontwikkeling van kinderen

16 november 2022

 

Madame la Ministre, Mesdames, Messieurs,

Même dans un pays prospère comme le nôtre, il y a un nombre trop important de familles et d’individus qui sont confrontés à la pauvreté et aux difficultés financières. Le manque d’argent entraîne souvent une cascade d’autres problèmes par exemple en matière de logement, de santé physique et mentale et de participation à la vie sociale. Ces problèmes deviennent vite ingérables sans une aide extérieure.

Les études scientifiques de plusieurs centres de recherche montrent que les familles monoparentales, les familles d’origine étrangère, les ménages à faible intensité de travail sont plus exposées au risque de pauvreté que d’autres mais parfois il suffit d’un simple accident de la vie comme une maladie, une séparation ou la perte d’un emploi, pour basculer dans la pauvreté.

Ces études montrent aussi que dans ces situations, les enfants en bas âge sont particulièrement affectés et ce, de manière durable, car ce qu’ils expérimentent entre la naissance et l’âge de six ans les marquera pour le reste de leur vie.

Il est ainsi démontré qu’un enfant issu d’une famille défavorisée accumule à l’âge d’1 an, un retard moyen d’1 mois dans son développement par rapport à un enfant qui connaît un environnement favorable. Et ce retard sera même de 2 mois dans le cas d’une famille défavorisée d’origine étrangère. Vers l’âge de 3 ans, l’enfant qui vit dans la précarité connaît en moyenne 400 mots, alors qu’il devrait en maîtriser 1.200.

Collectivement, nous avons reconnu le caractère inacceptable de la précarité infantile, que ce soit dans la Convention relative aux droits de l’enfant ou, de manière plus générale, dans l’Objectif de Développement Durable numéro 1, qui fait de l’éradication de la pauvreté une des actions prioritaires des Etats.

Face à ces innocentes victimes de la pauvreté, on ne peut choisir l’indifférence. Vous avez, au contraire - et je vous en félicite - fait le choix de l’action pour lutter contre les différents facteurs d’injustice.

Beaucoup d’initiatives efficaces sont déjà menées actuellement par les pouvoirs publics en partenariat avec de très nombreuses associations de terrain et avec le soutien d’opérations destinées au grand public. Mais ce n’est pas assez : nous devons faire plus et ce de manière urgente car malheureusement le problème de la précarité infantile s’est encore aggravé avec la pandémie du Covid et la crise énergétique et économique que nous traversons.

De plus, les études nous permettent de mieux comprendre les rouages de la précarité. Toutes indiquent l’importance d’agir préventivement. Il est donc important que les professionnels qui s’occupent de la petite enfance soient formés à reconnaitre les premiers signes de précarité car ceux-ci ne sont pas toujours facilement détectables.

La prévention doit intervenir avant même l’entrée à l’école, si on veut corriger les disparités et éviter que la pauvreté ne se transmette d’une génération à l’autre. Les interventions correctrices ultérieures sont plus souvent coûteuses et moins efficaces. La mise en place d’une politique de prévention favorise la réversibilité des séquelles causées à l’enfant.

Ce colloque est donc particulièrement bienvenu pour nous aider à mieux comprendre la précarité infantile et à améliorer la manière dont nous la combattons.

Vous avez choisi de concentrer vos échanges sur deux questions qui me semblent essentielles afin de cerner la meilleure approche pour le bien-être de l’enfant:

  • D’abord celle de l’affiliation des familles aux services d’accueil et d’accompagnement. Comment inciter les parents en détresse à s’adresser aux structures de soutien? Quels sont les freins à une telle démarche? Comment assurer cette affiliation lorsque plane le risque d’une intervention publique de retrait de la garde de l’enfant?
  • et deuxièmement, celle de la construction d’un lien de confiance avec les familles de manière à pouvoir mener une action dans la durée. De quoi les familles ont-elles besoin pour être en confiance?

Je ne doute pas que les débats que vous allez mener ce matin vous permettront d’identifier les meilleures pratiques afin de renforcer encore l’efficacité des actions que vous menez sur le terrain. Les approches pluridisciplinaires sont sans doute les meilleures pour la prise en charge des enfants et de leur famille.

Pour terminer, je voudrais exprimer le vœu que la journée internationale des droits de l’enfant que nous célébrons dans 4 jours soit l’occasion de sensibiliser encore davantage les décideurs et le grand public à cette problématique essentielle.

Je vous souhaite un colloque fructueux.